Nouveau numéro papier : Morceaux Choisis 2023

Préface

La question du temps, de ce que l’on fait en institution, que ce soit dans le monde sanitaire ou dans le champ médico-social est une question délicate qui ne cesse de faire retour, témoignant des modes de traitement et d’accompagnement qui s’imposent à une époque donnée.  [ « De l’atelier à la création », J.P Rouillon, p.21 ]

À propos du travail en atelier Dominique Holvoet avait opéré une distinction entre occu- per et préoccuper, dans un texte publié dans le premier numéro des Feuillets du Courtil. C’était en 1989, et cette distinction est res- tée aujourd’hui encore, un repère. Comment travailler avec les objets en trop? Avec l’orien- tation d’« une institution différente et par- ticulière pour chaque jeune » ? [ « l’Algorithme de l’atelier , entretien avec D. Holvoet, p.9 ]

La tenue même de l’atelier permet l’élabo- ration d’un récit, d’une fiction où peut se dire quelque chose du rapport du sujet à ce qui vient l’envahir et le ravager. Il permet aussi d’extraire des trouvailles et des façons de faire se traduisant par un apaisement, même si celui-ci reste précaire. [ « De l’atelier à la création », J.P Rouillon, p.21 ] 

L’arrivée des objets numériques a produit un déplacement des murs de l’institution. Un déplacement de l’ombre et de la lumière, un élargissement du champ de la parole. Le regard et la voix y sont entrés pour y circuler à travers les murs. Les résidents appellent en « visio », dorment « en cam » avec leurs amis, ont des chaînes sur des plateformes de partage vidéo. Ce qui fonc- tionnait comme limite jusqu’ici est discuté, bouleversé. D’un autre côté, cela introduit une intranquillité nécessaire au dispositif institutionnel. L’institution est toujours prise dans le paradoxe de tenir à ses murs tout en laissant la porte ouverte. [ « À travers les murs», Ch. Le Poëc, P. Raoul, C. Tricault, p.141 ]

Alors, plutôt que de se demander comment limiter, il s’agit de se demander : qu’est-ce que l’usage lui-même tente de limiter ? De même, l’idée n’est pas forcément de chercher à « déconnecter » de la machine, mais de partir de ce à quoi ça connecte, du réseau que ça installe, pour tisser des ramifications à partir de là. En somme avec l’idée que la meilleure façon d’en sortir c’est d’abord d’y entrer.[«Usages de l’écran au Nom Lieu pour faire symp- tôme », G. Mouillac, p.119 ].

Débusquer le style de vie, cerner le hors du commun est un enjeu de taille.

[ « Débusquer un style de vie au fil de l’énonciation », S. Senay, p.257 ]