par Iván Ruiz | le 29 avril 2013 | revue 12 / PARCOURS ET STYLES DE VIE | thème Ailleurs
Iván Ruiz est psychanalyste à Barcelone, membre de l'Escuela Lacaniana de Psicoanálisis, musicien et fondateur en Catalogne de l'Association de parents de persones avec autisme TEAdir (dont le nom évoque à la fois l'acronyme de Trouble du spectre de l’autisme (TEA) et signifie "té a dir", en catalan « Il a quelque chose à dire »). Il est le réalisateur, avec Silvia Cortés, d'un film documentaire sur la question de l'autisme, qui sort actuellement dans les salles espagnoles.
Nous avons souhaité le rencontrer pour converser avec lui autour de son film et de sa conception de l'autisme. Cette conversation fut l'occasion de découvrir un homme tout en délicatesse, à l'image de son film. C'est avec une grande simplicité qu'il retrace la création de l'association et les bonnes rencontres qui ont jalonné l'élaboration de son film.
Courtil en ligneS : Vous êtes actuellement en France pour présenter votre film dans plusieurs villes : Angers hier, Rennes demain, Paris en mars… Comment s'est passée votre première rencontre avec le public français ?
Iván Ruiz : Les interventions qui ont suivi la projection m'ont permis de percevoir l'intensité du débat actuel en France. Certaines familles venues voir le film n'étaient pas partisanes du discours de la psychanalyse, mais ont témoigné du fait que le film les avait touchées et ont apporté un témoignage intéressant sur la vie quotidienne avec leur enfant et sur la façon dont l'enfant autiste entre en relation avec son entourage. C'est justement ce que j'ai souhaité mettre en avant dans le film : comment cela se passe pour chacun dans sa vie de tous les jours.
La question de l'éducation est très présente en Espagne avec la mise en place récente d'un plan qui préconise la scolarisation dans le milieu ordinaire pour tous les enfants autistes avant 5 ans au risque de tendre vers la rééducation et de réduire l'éventail de choix pour le traitement. Or en Catalogne, un réseau d'institutions publiques fonctionnant depuis trente ans fait cohabiter différentes orientations de soins. Nous avons créé l'association TEAdir il y a trois ans pour défendre la pluralité des prises en charge qui existent déjà et le droit démocratique des parents de choisir le traitement qui convient à chaque famille.