par Ludivine Vanderstichel | le 03 avril 2024 | revue 29/ LAISSER TOMBER | thème Clinique
Nous terminons avec cette dernière table dont le thème est « choisir de ne pas laisser tomber ». « Choisir » de ne pas laisser tomber, afin d'introduire une nuance par rapport à « ne pas laisser tomber » qui peut sembler résonner avec une certaine injonction, prenant la forme d’un certain « à tout prix ». Or, il ne s’agit pas de substituer un idéal pour un autre.
Nous accompagnons des sujets particulièrement envahis, traversés, éclatés aux quatre coins de la langue. Ce que l'on tente de faire entendre ici, c'est une position, une orientation de travail, du côté de l'équipe d'abord, qui consiste à ne pas s'en tenir à ce qui est tonitruant, ce qui crie, hurle, se répète, épuise, nous confronte à notre propre sentiment d'impuissance face à l'envahissement, au plus-de-jouir, au trou du réel à l'œuvre qui rencontre notre imaginaire. On entend souvent cette remarque : « C'est sans cesse à refaire ». Face à ce constat, une réponse défensive peut surgir : laisser tomber. Or, notre travail nous invite à faire un pas de plus, et surtout un pas de côté, pour tenter d'attraper ce qui, au-delà de ce qui se voit et s'entend si fort, nous mène à questionner ce qui est à l'œuvre chez ce sujet. Où est-il ? De quoi peut-il se saisir ? Très attentifs aux effets produits : on bricole, on invente, on intervient, on s’abstient, on introduit un battement, une circulation, …
Mais comprendre la logique du cas ne suffit pas. Le deuxième élément fondamental, c'est la rencontre du sujet. Autrement dit, aucun travail possible si l'on ne peut établir a minima les coordonnées d'un transfert. Cela ouvre donc une question : comment permettre au sujet psychotique de se mettre au travail ? Sujet pour qui aucune question ne surgit puisque la réponse advient avant même toute question.
C’est ce que vont partager aujourd’hui Caroline Pintiaux et Vanessa Gommes au travers de leurs deux présentations amenées à la discussion. Caroline Pintiaux commence en nous parlant de Sarah, sous le titre : « Sans fuir » qui comporte, vous l’entendez, une certaine équivoque.