par Jean-Philippe Cornet | le 16 septembre 2012 | revue Numéro 6 | thème Clinique
Ce texte a été présenté lors de la journée de rentrée du Courtil de septembre 2011, dont le thème était "Lire l'événement."
Arnaud a dix ans. Les raisons pour lesquelles il est entré à la Coursive sont doubles. D’une part, il est mutique, bien qu’il s’exprime parfois par gestes. D’autre part, il passe de périodes d’hyperexcitation à des périodes d’apathie.
Dès son arrivée, Arnaud a exprimé des difficultés tant dans les situations de séparation, où il pleure sans discontinuité, que dans les situations de rencontre, auxquelles il dit « non ». Il semble aspirer à un mode d’existence fixe et rigide rythmé par des habitudes immuables.
Les questions que pose le travail avec Arnaud sont multiples. Tout d’abord, il s’agit de savoir comment se faire partenaire d’Arnaud qui semble par instant seul ou à d’autres moments envahi par l’autre ? Ensuite, la question est de savoir comment lire les événements qu’il présente sans leur donner trop de sens. En d’autres termes, comment participer à une construction qui crée un jeu entre le signifiant et le corps et qui débouche sur une imaginarisation de la perte ? Pour tenter de répondre à ces questions, je vais reprendre le fil du travail qu’Arnaud réalise avec nous depuis quatre ans. A partir des mouvements allant de la continuité à la discontinuité s’est créé progressivement un espace où « dialectiser » un peu les questions du rapport au corps et au mot.