Lire l’événement, Journée de rentrée du Courtil 2011

par Guy Poblome | le 10 juillet 2012 | revue Numéro 6 | thème Éditorial

Ce texte fut l’argument de la Journée de rentrée du Courtil du 3 septembre 2011, rédigé sous la plume de Guy Poblome – par ailleurs organisateur de cette journée de travail, pour laquelle nous avions invité nos collègues de l’institution liégeoise La Coursive.

 

Le thème de notre journée de rentrée est une référence directe au titre que Jacques-Alain Miller a donné à l’intervention qu’il a faite lors des Journées de la NLS à Londres en avril dernier : « Lire un symptôme », en particulier les pages 55 à 581. Jacques-Alain Miller y parle explicitement d’« événement ». L’événement est rapporté au symptôme dans sa dimension de jouissance, comme « événement de corps », au-delà de la dimension métaphorique, symbolique du symptôme, pleine de sens et de vérité.

Supposons un corps qui se jouit, « naturellement », comme chez les animaux, ou mieux encore, chez les plantes ; et bien, l’« événement de corps » est la jouissance du corps en tant qu’elle est transformée par la rencontre avec le langage, c’est une jouissance dénaturée, troublée, déviée, du fait de la rencontre avec la parole. La fonction du symptôme est de se charger de cette jouissance, d’une part pour lui donner sens dans sa version interprétable et d’autre part pour faire signe de cet événement de corps dans sa version de répétition et d’ininterprétable.

Suivons Jacques-Alain Miller : si le symptôme procède du sens, interpréter dans le registre du sens ne fait que nourrir le symptôme, d’où sa proposition de passer de l’interprétation qui vise la vérité du symptôme, le sens, la signification que délivre l’articulation signifiante, à celle qui vise le signifiant dans sa matérialité, au niveau de la lettre, qui n’est pas du côté de l’articulation, mais plutôt du côté du Un tout seul. Il s’agit dès lors de lire le symptôme plutôt que de l’écouter pour le sevrer de son sens et tendre vers cet « événement », point de rencontre inaugural de la lettre et du corps. Telle est la trajectoire, la direction de la cure que propose Jacques-Alain Miller à partir du dernier enseignement de Lacan. Le symptôme habille l’événement de corps, le voile de sens en quelque sorte, et la cure analytique vise à le débusquer comme hors-sens.

 

 


1 Le texte de cette intervention est publié dans le numéro 26 de la revue Mental.