C’est cette image que j’aimerais retenir de la venue de Jacques-Alain Miller à Lille, dans le cadre de Cité Philo, le 20 novembre dernier : l’homme montrant sa bouteille d’eau et la tendant à l’adresse de ses auditeurs, exhibant ce qu’il choisit de nommer, à la suite du philosophe Husserl, un « solide », c’est-à-dire un objet qu’il faut considérer dans son volume, dans la multiplicité de ses facettes, à l’inverse d’une appréhension en surface. Telle cette bouteille d’eau, la vérité est comme un solide, et, dans sa multiplicité, chacun n’en perçoit pas la même chose suivant la place qu’il occupe et le cheminement intellectuel parcouru. C’est ainsi que Jacques-Alain Miller nous invite à lire Lacan, en « plongeant dans le bain », avec notre désir propre, à partir de là où chacun en est de son savoir et de sa compréhension : il s’agit de « le prendre par où on le saisit ».