Nouveau numéro papier : Morceaux Choisis 2024

Préface     

 Laisser-tomber, Effets de crise et logique de la sortie. Rupture, charnière, coupure, décalage...     

Entre urgence et arrêt, précipitation et suspend, la crise bouleverse la temporalité, la sortie la précipite, le laisser-tomber en défait les mailles. Comment s’enseigne-t-on dans le travail en institution de ces figures paradigmatiques de l’accroc et quelles modalités de tressage du lien social s’y inventent?

       Comment soutenir des réponses singulières face à la logique contemporaine de l’efficience ? Qu’il soit véhiculé par l’idéal normatif d’une politique de soin mettant l’accent sur l’individu et son autonomie, ou qu’il soit la conséquence matérielle d’une diminution toujours croissante des subsides alloués aux établissements (les deux phénomènes étant étroitement liés), c’est bien l’expérience d’un laisser-tomber de l’Autre social qui menace les sujets de notre époque, et a fortiori ceux à qui les institutions comme le Courtil font offre d’accueil (E.Collard, p. 9).

       Notre travail nous invite à faire un pas de plus, et surtout un pas de côté, pour tenter d’attraper ce qui, au-delà de ce qui se voit et s’entend si fort, nous mène à questionner ce qui est à l’œuvre chez ce sujet. Où est-il? De quoi peut-il se saisir ? Très attentifs aux effets produits : on bricole, on invente, on intervient, on s’abstient, on introduit un battement, une circulation, ... (L. Vanderstichel, p.59)

Le temps du sujet n’est pas le même que celui de l’administration (S. Bengochea,p. 25). Un maillage est nécessaire, (L. Cauet, p.15) car écrire un parcours implique la dimension du mouvement. Un chemin fait de tours et détours qui ne sont pas inscrits d’avance (P. Raoul, p.13).

       À partir de la contingence de la rencontre institutionnelle (C.Vanderheyde, p.87), qu’une brèche puisse se faire jour dans la répétition (N. Page, p.91). Composer avec la crise (O. Brisson p.143), ne pas reculer (M. Bourhis p.155) : comment essayer de produire des réponses qui soient à la hauteur du réel qui se manifeste derrière une crise ? Vers quels effets va-t-on ? Se contente-t-on de reprendre les vieilles recettes ou bien s’agit-il de faire le pari d’un lieu pour la parole ? C’est-à-dire un lieu pour que du nouveau puisse advenir (N. Page, p.91). Écrire des interstices, et proposer une autre offre que celle de se glisser dans ce qui est déjà là et d’où le sujet ne cesse de chuter. Une offre tissée dans l’étoffe de l’invention (C. Poblome-Aulit, p.81).

       Dans ce nouveau numéro des Morceaux Choisis de la revue Courtil en ligneS vous pourrez lire les travaux et discussions issus de la journée de rentrée Laisser tomber, dirigée par Elaine Collard. Sous le thème Effets de crise, nous publions des contributions d’intervenant-e-s du Courtil mais aussi d’Ailleurs, des textes issus de la journée de rentrée Logique de la sortie dirigée par Christelle Vanderheyde, ainsi que son introduction, rejointe par un entretien réalisé pour l’occasion avec Nadine Page pour la rubrique Éclairages, au pluriel, en ouverture du numéro.

Bonne lecture !