Art, création, lettre
« Art, création, lettre », dans ce sens-là et pas l’inverse, ai-je proposé comme titre. Dans ce sens-là et pas l’inverse, soit : pour entraîner cette journée de rentrée du Courtil dans le sens d’un tarissement de toute tentation à faire de l’art une fantasmagorie imaginaire – donc au profit de l’aiguillon de la lettre, qui évacue le sens trop foisonnant.
Car, que la création des sujets avec qui nous travaillons fasse art, si l’on est libre de trouver cela sympathique voire formidable, ce n’est pas ce qui guide notre action clinique. En revanche, lorsque l’on peut mesurer que, par l’entremise de la lettre, cette inventivité créatrice tire le sens foisonnant ou les significations énigmatiques auquel le sujet a affaire vers une réduction, cela nous intéresse au plus haut point – au point que nous l’encouragions.
Mais nous n’encourageons pas l’abondance du sens par quelque interprétation et sommes des commentateurs prudents, plutôt attachés à repérer comment le sujet se sert de sa création dans son existence, ce à quoi elle lui permet de répondre. Nous nous étonnons, à l’occasion, de ce que l’on peut supposer être une affinité de la psychose avec le bricolage créateur, sans néanmoins verser dans l’idéalisme causal et la tendance, probablement trop facile, à établir un nécessaire lien entre art et folie.
Voilà pourquoi, donc : « dans ce sens-là et pas l’inverse ».
Sur ce thème « art, création, lettre », vous découvrirez aujourd’hui des interventions aussi riches qu’empruntes de finesse, de cliniciens marqués par un profond désir de permettre aux sujets qu’ils rencontrent de tracer leur chemin avec leurs propres inventions. Ces cliniciens apprennent à se laisser surprendre et à se mettre à l’école de la langue singulière de ces sujets, à accueillir et encourager la fantaisie sérieuse avec laquelle ils traitent le réel et la souffrance auxquels ils font ainsi face.