Deuxième table ronde
La logique voudrait que... par Thomas Roïc
Dominique Holvoet — Je vais de suite passer la parole à Thomas Roïc, lequel travaille au Courtil des Écoliers.
Thomas Roïc — À cette assertion familiale face à laquelle j’étais nécessairement en défaut, l’analyste répondit : « votre grand-père personnifi e la logique », et leva la séance. Le sentiment d’étrangeté, qui entourait cette scansion, fit peu à peu place à un dénuement produit par l’usurpation de la logique quant à sa capacité d’orienter la vie humaine grâce à la cohérence de la raison ou du symbolique. Dénuement d’autant plus grand qu’il pointait fébrilement la cause de cette vanité, celle qui m’avait conduit, revêtu de l’habit du symptôme, à rencontrer un analyste.
Sous un autre angle, à l’université, cette affirmation interrompue peut caractériser, par la négative, une acception traditionnelle de la folie comprise comme déraison ou erreur. Certaines options du processus thérapeutique lui-même n’échappent pas non plus à cette utilisation idéologique de la logique ; l’idéal de systématisation du délire ou le discours portant sur les « folies raisonnantes » réifiées par Sérieux et Capgras1 en témoignent.
À partir de là, je tentai de soutenir mon travail au Courtil contre cet écueil où le raisonnable, voilé par cette extension fallacieuse de la logique, dénie le sel de la pulsion. Cependant, prise sur le terrain de l’impuissance qu’il est difficile de cesser de vouloir combler, cette « logique » conservait malgré tout la valeur d’un signifi ant maître, de ce point où nous apparaissons pour l’autre comme désirable et qui peut parfois servir la croyance nécessaire au renouvellement de notre présence auprès du psychosé. Nous prendrons appui sur le travail avec Dazia pour éclairer cette tension dans laquelle s’inscrit notre engagement dans la pratique institutionnelle.
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