Une mère ou le sens de la révolte
Entretien avec la mère d'Alexios, un enfant autiste.
Alexios fut diagnostiqué autiste à l'âge de deux ans. Il est le second enfant d'une famille greco-anglophone. Les parents décidèrent de déménager en Belgique quand Alexios eut 3 ans, laissant derrière eux leurs amis, leur famille et leur travail en Grèce, dans l'intérêt de leur fils.
Alexios a aujourd'hui 7 ans, il va au centre de jour Grandir, où il fréquente également une classe de L’Ecole Escale (Ecole type 5), spécialisé pour les enfants autistes. Il va aussi au lieu d'accueil la Soucoupe, parfois les samedis. C'est là que j'ai rencontré sa mère dont la vie, depuis la naissance de son fils, est marquée par l'Agonas, me dira-t-elle en grec, la lutte, le combat.
Ce terme grec épinglé par la mère me permet de revenir sur l'usage éclairé que fait Jacques-Alain Miller du terme de révolte dans son intervention au Quay Branly, en avril 20101. La révolte a cet éclat, que n'a pas la révolution, de répondre à une forme d'instantanéité. Elle est par ailleurs la rencontre avec « un impossible à supporter », pas celui qui surgit face à soi-même mais face à l'autre. « Comment se révolter ? », se demande J.-A. Miller, « en y réfléchissant à vrai dire, je n'ai trouvé qu'une seule réponse à cette question énigmatique : en se sacrifiant ». C'est toujours d'une perte qu'il s'agit, dès lors, et justice doit être faite.
La révolte répond par ailleurs, pour cette mère, à ce croisement spécial entre deux insupportables dans son pays : celui d'une crise qui le submerge doublé de corruption d'une part, et celui de non choix de l'être humain soumis à des méthodes d'apprentissages forcées d'autre part. S'il ne s'agit pas d'y voir une corrélation, cet état en crise est marqué par la coexistence de ces insupportables, dont la révolte de cette mère en serait la réponse en acte, sans "temps mort". Que cet acte soit ici celui d'une femme n'est peut-être pas sans lien avec la forme de "ravissement" qui définit l'acte de révolte selon Miller.
1 Jacques-Alain Miller, « Comment se révolter ? », Revue de la Cause freudienne, n°75, juillet 2010, Édition Navarin, pp-212-217.
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