Numéro 1 / février 2012

Robert Walser, Le promeneur ironique de Philippe Lacadée

Au cours d’une des nombreuses promenades qu’ils faisaient ensemble, Carl Seelig, l’ami éditeur, se risqua à dire à son compagnon écrivain qu’il était bien possible que son œuvre littéraire soit promise à une grande postérité. Walser, d’abord saisi, puis en colère, riposta qu’il ne fallait plus jamais lui faire de compliments de ce genre : il était un zéro et voulait être oublié

Être un zéro, un « zéro tout rond », telle fut en effet la position que ce sujet tint auprès de l’Autre : passer inaperçu, être un petit, en se faisant le commis, l’homme à tout faire, la « servante », disait-il, obéissant aux mots d’un maître qui ignorait alors la jouissance qu’il y prenait : « On me prenait pour un jeune homme timide alors que je crevais d’insolence. L’insolence consiste ici, d’après Philippe Lacadée, dans la position de Walser à l’égard de l’Autre, position selon laquelle il s’agit d’obéir en gardant secrète la jouissance qui féminise, jouissance occasionnée par cette obéissance même qui, contrairement aux apparences, ne dit rien de son être. Ce positionnement éminemment ironique rendait possible un apaisement du signifiant, dont la sonorité était trop présente pour Robert Walser et le persécutait, mais il y fallait aussi l’écriture.

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