« L’idéal, parce que je le veux bien »
Cette petite phrase lancée par Marco au commencement de l'atelier relaxation m’avait amusée par son côté parodique. J’étais loin de m’imaginer qu’elle en disait si long sur Marco et son travail au Courtil. Dans cette courte proposition, nous retrouvons la dimension de surmoi féroce auquel est soumis ce jeune adulte, mais aussi le côté tyrannique qu’il présente dans le rapport à l’Autre. La lecture du dossier de Marco m’a permis de comprendre ce que je ressentais de manière diffuse dans le travail au quotidien. J’ai longuement hésité à titrer ce texte : « Marco ou la tyrannie en filigrane ». Au fil du temps, cette tyrannie, très prégnante au début de la prise en charge, s’est voilée, s’est ornée de formes qui font que nous retenons de Marco l’image d’un gentil gamin inoffensif, malgré l’irruption fréquente d’une figure plus despotique.
Marco est un jeune « au travail » et le Courtil l’a beaucoup aidé dans la canalisation de son agressivité. Pourtant j’ai l’impression que les équipes qui accompagnent Marco ne se rendent pas toujours compte du travail mené avec lui, travail si feutré, presque minimaliste dans lequel la dimension de l’urgence est peu présente.
Tout a l’air si simple avec Marco et pourtant il déploie une véritable panoplie de moyens pour traiter sa psychose, que je qualifierais d’infantile, malgré l’apparente simplicité de son énonciation. Je vais essayer ici d’identifier les ressources qu’il mobilise pour traiter ce réel persécutant.
Une promesse
Les parents de Marco se sont rencontrés aux funérailles d’un oncle de la mère. Ils tombent très amoureux l’un de l’autre mais le mariage ne peut avoir lieu qu’après le décès de la mère du père de Marco, que celui-ci n’avait jamais quittée. Marco naît peu de temps après et reçoit le prénom de son grand-père paternel, promesse qu’avait faite le père de Marco à sa propre mère. La promesse réalisée, le couple réintègre la maison grand-maternelle que monsieur avait dû fuir au décès de sa mère, son fantôme hantant la maison.
Un rival
Marco a une relation fusionnelle à sa mère. Les problèmes, selon elle, ont commencé avec l’apprentissage de la marche, c’est-à-dire d’une possibilité de distanciation de la mère. La naissance d’un petit frère, Ludovic, alors que Marco a trois ans, semble elle aussi très traumatique pour Marco, d’autant plus que sa mère est dans l’incapacité de témoigner un désir particularisé à ses enfants. Cette logique de l’indifférenciation mène, pour Marco, à ce que l’un des deux soit éliminé. Il se montrera très agressif avec son frère, exprimant son désir de le tuer et allant même jusqu’à le frapper d’un bâton alors qu’il dort.
Marco entre au Courtil sous le régime de semi-internat à l’âge de six ans, au motif de difficultés scolaires. Sa mère décède alors qu’il va avoir dix-huit ans. Son père ne pouvant s’occuper seul de son frère et lui, Marco devra intégrer un régime d’internat qui jusque-là avait été inenvisageable.
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