"Ce qui opère dans la psychose"
Pour son 5ème numéro, Courtil en ligneS se penche sur ce qui opère dans l'accompagnement des sujets psychotiques. En rupture avec la systématisation traditionnellement prônée par un courant de la psychiatrie classique, cette nouvelle livraison tente de présenter une variété de solutions dont la lecture est intimement liée aux avancées actuelles de la psychanalyse lacanienne.
Ainsi, comme le présente Augustin Ménard, la stabilisation d'un patient peut se trouver disjointe de l'élaboration d'une métaphore délirante, comme Lacan la repère par exemple au début de son enseignement chez Schreber, et s'obtient là plutôt par le biais de la cession d'un objet, ici une trace écrite dont il faudra préciser les contours.
Sophie Simon, dans son travail autour du célèbre texte de Louis Wolfson, Le schizo et les langues, présente une autre modalité de traitement où l'écrivain, après avoir localisé l'objet voix dans sa langue maternelle, crée des signifiants séparés des assonances anglaises qui invitent à repenser le travail sur la lettre. Une autre forme d'élaboration est à l’œuvre dans la présentation que fait Sophie Le Goff : par la constitution de listes, le sujet cherche cette fois à traiter et limiter la voix.
Néanmoins, ces ébauches de solutions font parfois défaut et il ne peut alors rester, pour le sujet, que le passage à l'acte pour éviter sa propre dissolution. Cette question était au centre de la dernière Journée des Hospitalisations à temps plein en pédopsychiatrie, intitulé « Comment transformer la violence à l’hôpital ». Dans son épinglage, Laurence Malghem insiste sur la nécessité, pour ces enfants hospitalisés, de la circulation entre plusieurs partenaires ou discours, du champ médico-social, juridique ou scolaire pour éviter la chronicisation de l'enferment et promouvoir la responsabilité subjective comme rempart à la ségrégation.
Cette dernière orientation est menée sous d'autres cieux dans des conditions socio-économiques très différentes. Ce mois-ci, Courtil en ligneS nous conduit en effet avec Alexandre Stevens dans une institution en Bolivie où se déploie une pratique particulière avec les enfants des rues. Dans ce Punto de Encuentro (Point de rencontre), les intervenants cherchent à viser, au-delà des traumatismes liés à la misère ou aux carences affectives et éducatives, le sujet qui s'adresse à eux.
A Charleroi aussi, Katty Langelez, qui dirige le CPCT Ado, insiste sur la logique du sujet qu'il est nécessaire d'écouter, de prendre en compte pour que l'adolescent puisse retrouver le « goût de vivre », comme elle le reprend à Freud.
Soit une pluralité de lieux et de traitements que nous vous invitons à parcourir dans ce nouveau numéro.