12 / PARCOURS ET STYLES DE VIE / mai 2013

« Ma tête est comme une passoire »

Chaque matin, Gwennaelle est déconnectée. Il s’agit de « capter », « crocheter » un signifiant aussi anodin soit-il pour parvenir à faire lien, et la faire entrer dans le monde des signifiants. Sans cette accroche, Gwennaelle peut rester la journée entière au lit ou se fixer à la TV, littéralement « collée » à l’objet. Un jour, elle nous dira : « Je n’ai plus de mémoire, je ne sais plus rien, ma tête est comme une passoire ». « J’ai des trous de mémoire qui me rendent la vie impossible. » « Je suis toute vide, je ne sais même pas ma vie, je n’ai pas de souvenirs, c’est comme si on m’avait secouée par les pieds ». Elle demande à rencontrer un psychologue. Des contacts sont pris et les rencontres se font de manière régulière depuis, maintenant, un peu plus d’un an. Gwennaelle me demande de l’accompagner. Nous mettons en place un bricolage, un accompagnement particulier. Ainsi, je ramène à l’entretien ce qu’elle a pu me dire durant la semaine, ou sur le chemin. Gwennaelle ne manque pas de préciser les choses, pointer l’une ou l’autre chose et bientôt la conversation se fera à trois. Il ne s’agit pas d’une absence de signifiants chez ce sujet mais bien des signifiants qui lui échappent et qu’il faut accrocher, crocheter pour qu’ils puissent s’inscrire dans une chaîne afin qu’elle puisse se les attribuer en tant que sujet.

« Une passoire », quelle belle image ! Tout glisse, rien ne se fixe si nous ne sommes pas là pour épingler ce qu’elle laisse échapper.

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