Introduction

Thomas Roïc

Nous allons directement entrer dans le vif de cette journée avec les deux présentations qui vont suivre : 

Dominique Gillet-Cazeneuve est psychologue de l’Education Nationale et doctorante en sciences de l’éducation. Elle va présenter le fruit de sa recherche sur cette question de l’inclusion : l’histoire de ce terme mais aussi tout l’échafaudage discursif dont il est le produit et ses conséquences sur la transmission du savoir.

De son côté, Sophie Lecocq-Simon, intervenante au Courtil, nous livrera une poétique, une interprétation de l’inclusion qu’elle vient faire équivoquer comme vous le verrez, une interprétation qui investit un type de lieux en voie de disparition, ces marges où la frontière poreuse peut à dessein subvertir le dedans et le dehors. Ces « espaces autres » ont beaucoup retenu l’attention de Michel Foucault en tant qu’ils condensent des emplacements réels que l’on peut retrouver dans la culture, tout en les contestant, les inversant^[1].

Encore un mot de l’auteur de Surveiller et punir que je vous propose de garder en tête, comme le cri d’un lanceur d’alerte, pour ne pas nous laisser charmer par le vocabulaire doucereux du maître moderne en quête de qualité. 

« Le pouvoir s’exerce par l’intermédiaire d’un certain nombre d’institutions qui ont l’air de ne rien à voir de commun avec le pouvoir politique, qui ont l’air d’être indépendantes et qui ne le sont pas. On sait bien que l’université, d’une manière générale tout le système scolaire qui en apparence est fait simplement pour distribuer le savoir, on sait que cet appareil scolaire est fait pour maintenir au pouvoir une certaine classe sociale et exclure des instruments du pouvoir toute une autre classe sociale […].

Et il me semble, continue M. Foucault, que la tâche politique actuelle dans une société comme la nôtre, c’est de critiquer le jeu des institutions apparemment les plus neutres et les plus indépendantes de telle manière que la violence politique qui s’exerçait obscurément en eux surgisse et pour qu’on puisse lutter contre elle.^[2] »  

Aiguisons nos armes pour vider de ses bonnes intentions l’inclusion et donner plutôt à entendre des moments d’inclusion qui dépassent l’obéissance à une norme donnée !