26/ INTERPRÈTES DE L'INCLUSION / décembre 2021

La dissolution imaginaire

 Dans ce chapitre, Lacan trace quelques contours au mécanisme en jeu dans la psychose en cernant la trame imaginaire pour en dégager l’ordre symbolique. Et pour cela, il part du concept de narcissisme qu’il juge galvaudé : « on fait comme si le narcissisme était quelque chose qui se comprenait de lui-même : avant d’aller vers les objets extérieurs, il y aurait une étape où le sujet prend son corps propre comme objet » [1]. Que veut-il dire ? Et surtout que dit Freud quand il parle du « retrait de la libido loin de l’objet extérieur » dans la psychose ? De quel retrait s’agit-il ?

Lacan fait du concept de narcissisme « la relation imaginaire centrale pour le rapport interhumain » [2].

Dans son texte « Pour introduire le narcissisme », Freud distingue deux types de libido : la libido propre au moi et la libido liée aux objets. Ce premier narcissisme se situe « au niveau de l’image réelle et permet d’organiser l’ensemble de la réalité dans un certain nombre de cadres préformés »[3]. C’est le jeune enfant qui se retrouve devant le miroir, il jubile de reconnaître son image mais, pour autant, cette image lui reste étrangère du fait de la réalité morcelée de son organisme. C’est avec cette image qu’il constituera son moi idéal. Mais ce schéma reste insuffisant puisqu’il doit être complété par l’intervention de l’Autre. En effet, l’enfant n’est pas seul face à son image, il est dans les bras de l’Autre et le regard de cet Autre amène un élément supplémentaire qui complète le schéma. Il se voit maintenant en tant qu’il se regarde avec les yeux de l’Autre, depuis la place de l’Autre. « Le point à partir duquel cette image du moi idéal est regardée, c’est là l’idéal du moi »[4] introjecté sous la forme d’un signifiant, d’une nomination. Et donc, le second narcissisme est la relation à l’autre, l’identification à l’autre qui dans le cas normal permet à l’homme de situer avec précision son rapport imaginaire et libidinal au monde en général. Le rapport réflexif à l’autre, ce qui permet de voir à sa place et de structurer en fonction de cette place, son monde et son être.


[1]                LACAN J., Le séminaire, livre III, Les psychoses (1955-1956), texte établi par Jacques-Alain Miller, Paris, Editions du Seuil, coll. Champ Freudien, 1981, p. 103. 

[2]                Ibid., p. 107.

[3]                LACAN J., Le séminaire, livre I, Les écrits techniques de Freud, texte établi par Jacques-Alain Miller, Paris, Editions du Seuil, coll. Champ Freudien, Paris, p. 144. 

[4]                GAULT J.-L., La place de l’analyste, de l’idéal à l’objet, Ironik 34

 
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