À travers les murs

Au Courtil, l’arrivée des objets numériques nous semble avoir eu deux effets principalement. Premièrement, elle a produit un déplacement des murs de l’institution. Un déplacement de l’ombre et de la lumière, un élargissement du champ de la parole. Le regard et la voix y sont entrés pour y circuler à travers les murs. Les résidents appellent en « visio », dorment « en cam » avec leurs amis, ont des chaînes sur des plateformes de partage vidéo. De ce fait, l’institution est fragilisée car ce qui fonctionnait comme limite jusqu’ici est discuté, bouleversé. D’un autre côté, cela introduit une intranquillité nécessaire au dispositif institutionnel. L’institution est toujours prise dans le paradoxe de tenir à ses murs tout en laissant la porte ouverte.

L’écran ouvre donc une brèche dans l’institution.

Deuxièmement, ces objets, en tant que porte ou fenêtre, ouvrent de nouveaux espaces au déploiement de la lettre, autrement dit, ils rendent possible le développement d’une pratique langagière autre, peut-être plus en phase avec le fonctionnement des personnes autistes. Un espace d’échange s’ouvre, nous donnant la possibilité de manipuler la lettre dans le réel.