Apprendre à connaître l'autisme, II

La formation de la « technotribu » autistique

Quels sont les changements induits par la révolution technologique dans la réalité des êtres parlants, dans leurs existences, leurs désirs, leur rapport au langage et aux autres ? Cette question traverse le livre de Javier Echeverría et Lola Almendros intitulé Tecnopersonas^[1], dans lequel ils inaugurent un champ sémantique basé sur l’utilisation du préfixe  « techno » en partant du principe que les technolangages du XXI^éme siècle génèrent des technopersonnes. Echeverría et Almendros font référence à l’origine du terme persona, de l’étrusque phersu, qui signifiait « masqué », une précision qu’ils jugent très utile pour analyser « les masques numériques actuels » avec lesquels se présentent les utilisateurs d’Internet et des réseaux sociaux. Ils reprennent également le terme prosopon avec lequel on traduisait la persona grecque classique : « ce qui se présente au regard de l’autre », quelque chose comme un sceau de notre identité. Echeverría et Almendros soulignent à juste titre que le maquillage et l’habillement ont toujours fait partie de la vie communautaire, et c’est dans la fonction de cette image, constitutive du moi en représentation, que l’on peut situer certaines formations grégaires apparues dans la seconde moitié du XX^éme siècle et ayant reçu le nom de « tribus urbaines »^[2].