Numéro 10 / février 2013

"Impossible", un nom du réel

J’ai rencontré Thibaut, au début de son séjour au Courtil, dans un contexte particulier. Nous étions en ville, tous les deux assis sur un muret longeant le trottoir, on faisait une pause. Thibaut m’a dit : « Je dois aller au tribunal pour une affaire de mor. Ma mère est morte, quelqu’un a tué ma mère, j’ai tué ma mère. » Thibaut ne voit plus sa mère depuis son placement en famille d’accueil, elle est morte pour lui. Thibaut est convoqué au tribunal pour une affaire de mœurs et non de mort. Mais pour lui, le sexe et la mort ne font qu’un : « mor ».

Depuis que nous travaillons avec Thibaut, nous cherchons à introduire entre lui et l’autre ou l’Autre, et même entre lui et la pulsion, ce qui m’est venu il y a peu, en réunion : « une poche d’air ». Une « poche d’air », entre signifiant et jouissance, entre le sujet Thibaut et l’objet qu’il a sinon en poche, en bouche plus précisément (« mor »). La position initiale, de jouissance est, dans son cas, de manger, boire, fumer, prendre ce qu’il trouve (argent, cigarettes, appareils pour téléphoner, photographier ou jouer), forcer la porte du bureau et y faire sitting, hurler pour avoir, hurler pour ne pas rester là où il se trouve parce qu’on le menace, l’agresse, l’injurie.

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