27/ DANS L'ATELIER / décembre 2022

Les ateliers artistiques, un signifiant, un lieu, un lien

Écrire pour déterrer ma voix. 

Écrire pour produire la lumière dont j'ai besoin.

Écrire pour tenter de voir plus loin 

que mon regard ne porte.[1]

 

            Périsphère est une nouvelle institution qui a vu le jour dans le paysage institutionnel du Brabant Wallon il y a deux ans. Ce centre de jour s’adresse à des jeunes entre 16 et 30 ans, jeunes particulièrement impactés par les conséquences délétères produites par notre modernité dont Jacques-Alain Miller nous a donné une écriture : a ˃ I. Ceci implique de prendre la mesure que ce qui oriente un sujet est aujourd’hui bien plus la jouissance que l’idéal. Le parlêtre est d’ailleurs davantage consumé que consommateur.

Ceci n’est pas sans conséquence dans le champ social où s’actualise une grande fragilité dans le lien pouvant avoir des « effets disloquants et sidérateurs »[2] (autant sur le corps que dans la pensée) sur des sujets qui décrochent, se retrouvent en marge de l’Autre et souvent se désaffilient « du lieu de la parole, du fait d’une certaine précarité par rapport à la langue, que ce soit du côté d’un refus ou d’un défaut de l’animation de l’Autre symbolique [...] qui s’occupe d’eux, les condamnant à être en prise directe sur le réel. »[3]

Pour aborder le réel en jeu pour chacun, nous le savons, le symbolique ne peut suffire. Pas tout de la jouissance ne peut être pris en charge par cette instance mais, lorsque l’entourage symbolique est instable et précaire les conséquences en sont plus dévastatrices et bien souvent c’est le désordre qui prédomine. 

En effet, passer par la langue pour loger son être n’est pas forcément d’actualité pour certains sujets. En panne subjective, sans le recours d’un discours établi, déconnectés de leur inconscient et donc de leur histoire, c’est le non-sens qui parfois prévaut et si, comme le dit Philippe Lacadée « le dieu du sens est mort, il ne reste que le non-sens, c’est-à-dire l’abandon qui conduit vers l’extension du non-sens comme manière d’être au monde »[4]. Même si un discours qui tisse un lien fait défaut, ces sujets parlent, mais les signifiants ne les accrochent pas, ou trop. Ils sont encombrés par le poids de réel des mots ou à l’inverse, les mots, sorte d’objets étrangers, ne permettent pas le nouage entre les registres du réel, du symbolique et de l’imaginaire. Dès lors, certains se trouvent pris dans un vide insubjectivable. Comment dès lors dépasser l’impasse rencontrée avec ces sujets pour qui un traitement par la parole peut s’avérer pour un temps un obstacle ? Il a fallu réinventer nos pratiques afin de ne pas reculer devant les formes de souffrance modernes en proposant un lieu « de conversation possible »[5]

C’est ainsi que nous avons fait le choix d’installer au centre même de notre institution des ateliers animés par des artistes. Ces ateliers n’évacuent pas la possibilité d’une adresse, ils en créent, au contraire, la condition.

 

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